Alors que la nuit s’annonce sur la vaste capitale du Stirland, le peuple de Wurtbad est en émoi. Des non vivants approcheraient avec à leur tête, Mannfred Von Carstein, le vampire qui a fait régner la terreur dans les terres de l’est. La rumeur se répand dans la cité comme une traînée de poudre et la populace, du plus bas des gueux au plus riche des bourgeois, se rassemble sur la grand place, devant le palais où réside le grand électeur du Reikland.
Alors que la cloche de la cathédrale retentit pour le premier des douze coups de minuit, Karl Franz, armé et entouré de sa garde sort de son palais. Le peuple accourt, encercle le héros, questionne, mais la colonne fend le rassemblement comme l’épée les chairs de l’homme. Au douzième coup, elle atteint la porte sud de la cité. Les grincements métalliques du mécanisme mettent fin aux ruades, le peuple se fige : que se passe-t-il ?
La porte s’ouvre lentement tandis qu’une brume irréelle pénètre dans la ville. La Lune apparaît et de ses rayons lumineux, pointe l’homme qui se dresse derrière cette porte : c’est Mannfred Von Carstein. Un mutisme assourdissant s’empare de la ville. Karl Franz s’avance, seul, vers l’ennemi et l’impensable se produit, des regards s’échangent, des paroles aussi.
Une tente est dressée, des tables et des bancs disposés. Les deux chefs se font face et le peuple du Stirland comprend enfin, Karl Franz est bien leur sauveur. Il a su résonner le maître de la non vie et va lui rendre raison.
Dans la tente, les protagonistes sont maintenant isolés de la population. Face à face, les deux escortes se toisent, les regards sont tendus, les épées au fourreau mais prêtes à rugir. Mannfred et Karl n’y prêtent plus aucune attention, il s’agit de régler le sort d’un conflit qui changerait la face du monde et verrait la disparition certaine de l’un des deux combattants.
Mannfred prend alors la parole, d’une voix forte et sure :
« Grand Electeur du Reikland, vos terres sont à l’agonie, encerclées et attaquées de toutes parts. Je ne suis pas de ces guerriers qui dépècent l’ennemi affaibli. Je ne veux pas affronter un adversaire privé de ses forces, je n’y gagnerai que la honte. Vous avez prouvé votre courage et votre volonté en rassemblant votre armée et en préparant notre affrontement. Bien que vous ne soyez qu’un homme, vous avez démontré vos capacités à commander et je peux aujourd’hui vous reconnaitre et appeler Empereur. Sachez que je vous propose aujourd’hui la paix afin que nous combattions ensemble ces hardes d’Hommes bêtes qui ravagent nos terres. »
A ces mots, Karl Franz se redresse :
« Comte de Sylvanie, vos propos sont magnanimes et surprenants. J’accepte votre proposition, vous nous épargnez un nouveau bain de sang. Sachez toutefois que les crimes commis à l’encontre de mes citoyens ne se produiront plus. Aujourd’hui, si nous nous serrons la main, vous vous engagez à ne plus vous en prendre aux faibles : ces femmes, ces enfants, ces vieillards qui peuplent nos villes, à vous joindre à moi dans le combat contre ses ignominies que sont les Hommes bêtes».
Les parchemins sont apportés, et les deux dignitaires signent ces traités :
_ Fin de la guerre entre l’Empire et la Sylvanie.
_ Accord de libre échange Empire-Vampire.
_ Pacte de non agression Empire-Vampire.
_ Libre passage pour l’armée vampire afin de combattre le Drakwald tenu par les Hommes-bêtes.
_ Leicheberg et son trésor, 20 000 pièces d’or, sont livrés au Comte vampire.
Les traités signés, Karl Franz sort le premier de la tente et se dresse face à une population incrédule :
« Amis, votre vie est sauve. Les morts vivants ne s’en prendront pas à vous !
Une clameur s’élève, partout, hommes et femmes s’étreignent, des cris, des pleurs retentissent dans toute la ville et les cloches de la cathédrale raisonnent dans les rues. L’Empereur, seul face à son peuple, étend alors les bras pour réclamer le silence.
« Attendez avant de vous réjouir, votre vie a un prix, vous tous ici présents, allez devoir ouvrir votre foyer car les habitants de Leicheberg devront abandonner leur chère cité : c’est en échange de leurs terres, que cette paix et votre survie ont été obtenues."
L’incrédulité se lit sur les visages, tous hésitent, l’empereur a vendu Leicheberg pour obtenir la paix ? Comment est-ce possible ? Mais d’un autre côté, l’affrontement était inévitable, qui donc peut souhaiter jouer sa vie sur une bataille, menée par d’autres ? Et puis Leicheberg n’est pas leur ville, l’Empereur les a sauvés, la guerre est finie et des jours meilleurs s’annoncent, la ville plonge alors dans la liesse et l’ivresse tandis que Mannfred et ses gardes quittent la cité, l’œil brillant devant tant de chair humaine.