La Reine-Mère Devamso'Ain Pabu se leva et avançait vers le balcon face à la Place Royale afin de déclamer son discours au nom du Consortium, à son peuple:
« Peuple de Hapes! Aujourd'hui est un grand jour! En effet, suite à l'intégration de la planète Vena au Pacte de Centares sous notre juridiction, deux autres systèmes sont venus nous rejoindre. Faisons, je vous pris, un bon accueil aux Nazzras et aux Teltiens! Nos nouveaux alliés nous seront précieux pour garder notre indépendance. C'est pour cela que j'autorise la venue des vaisseaux venant de Vena, Nazzri et Telti pour des raisons commerciales. Sur ce, cher peuple, merci de m'avoir écouté et je vous souhaite une bonne journée. »
Le peuple l'acclama, content de leur Reine-Mère adorée. Pabu sourit en reculant du balcon après un dernier salut. Ce peuple lui était cher. Son peuple était son enfant. Elle ne savait si elle trouverait un Consort mais elle était contente de voir ses gens sourirent après les derniers évènements encore douloureux. Elle se dirigea vers ses appartements.
« Votre Majesté ! » La Reine-Mère se retourna. La conseillère Julsanii Jansna courrait presque après elle. Les gardes, méfiant, firent mine de l'arrêter avant d'être stoppés par la Reine-Mère d'un geste.
« Je vous écoute, Dame Jansna.
- Les... les conseillères sont mécontentes Votre Altesse Sublimissime. Vos ennemies sont de plus en plus nombreuses, depuis le temps que vous hésitez à choisir un consort. Oh ma reine! Qu'allez-vous faire? » La nouvelle secoua la jeune souveraine. Le mariage... Elle n'aimait guère ce qui se passait. Elle fit signe à Dame Jansna de la suivre dans ses appartements et ordonna à l'un de ses gardes de chercher la général Paliis.
La général Paliis entra dans le bureau de la Reine-Mère. Elle vit Julsanii Jansna trembler dans son fauteuil.
« Enfin vous voici, Althar! Asseyez-vous je vous pris. Jansna! Cessez de trembler par pitié ! C'est ridicule! » La conseillère tenta de se calmer en vain. Devamso'Ain leva les yeux au plafond. Elle trônait dans son fauteuil confortable.
« Bien. Parlons vite et bien. Althar, la situation est grave. Il semblerait que le Conseil soit prêt à se rebeller, tout cela parce que je ne trouve pas un Consort! Puissent-elles pourrir aux Enfers ces vieilles pies! - Elle assena son point sur le bureau, faisant sursauter la pauvre Jansna -
Pardonnez mon geste. Je suis juste un peu en colère.» Paliis se redressa sur son siège et prit la parole:
« Votre Altesse, je pense avoir une solution.
- Parfait Althar! Qu'est-ce donc?
- Organisez un tournoi en trois épreuves afin de choisir votre Consort. Vous envoyez un appel à tous nos voisins les plus proches, ce n'est pas la peine de nous encombrer d'un Consort venant d'une planète lointaine. Le plus valeureux, courageux et sage vous épousera. Cela vous convient-il, Votre Altesse? » Pabu resta interdite pendant quelques secondes avant de se lever pour contempler le Jardin Royal de sa grande baie vitrée. Elle réfléchissait. Cela pouvait être dangereux, comment savoir si elle ne tomberait pas sur un être vil et sournois? Cependant, avait-elle le choix? Elle ne pouvait non plus risquer sa vie alors que son peuple avait tant besoin d'elle. Elle se retourna vers la général et la conseillère.
« Jansna! Envoyez une annonce à tous les systèmes proches de l'Amas de Hapes ainsi que notre système. Général Paliis, je vous charge d'organiser le tournoi. Restez donc ici un moment je vous pris pour que nous en discutions...»***************************
Annonce du Tournoi du Consort:
La Reine-Mère Devamso-Ain Pabu invite tous les braves de l'Amas autant que ceux des systèmes voisins à participer au tournoi afin de gagner sa main. Vous devrez prouver votre courage, votre sagesse et votre valeur dans trois épreuves choisies par la Reine-Mère elle-même. Tous peuvent participer s'ils le veulent! Les inscriptions se feront au Bureau du Général Althar Paliis.***************************
Quelques semaines plus tard… La Grande Salle était remplie d’environ trois cents personnes dont les centaines de participants, les familles nobles hapiennes, et les délégations des systèmes voisins dont certains participants étaient originaires. La Reine-Mère trônait, vêtue d’une riche robe blanche aux broderies d’argent et portant tous ses apparats de reine, du haut de la gigantesque estrade. Elle était sublime. La jeune souveraine ressemblait à une déesse. Pourtant elle ne se sentait pas très à l’aise dans cet attirail. Le poids de sa coiffe, dont un voile lui cachait le visage, lui faisait mal à la nuque, les larges et multiples robes l’incommodaient tellement qu’elle devait rester assise. Le banquet d’entrée du Tournoi était interminable. La Général Paliis se tenait près d’elle, mise sur son trente-et-un. La reine soupira d’ennuis. Puis elle se leva, avec l’aide de Paliis, avant de claquer dans ses mains.
« Très chers candidats ! Merci d’être venus si nombreux à ce tournoi afin de… gagner ma modeste main. J’espère que ce banquet ne vous aura pas trop alourdi pour la première épreuve qui va commencer dans quelques instants. Veuillez donc tous vous préparez, et rendez-vous sur les lieux du Tournoi. » Tous les participants se levèrent avec précipitation afin de s’équiper. La salle se vida petit à petit, jusqu’à ce qu’il ne reste que Paliis et la souveraine. La militaire aida la jeune femme à descendre les marches de l’estrade. Devamso’Ain essayait de retenir sa lourde coiffe tout en relevant ses jupons encombrants.
« Quelle galère ! Paliis, redîtes moi qui a eu l’idée de me faire porter ça ? Non ne dîtes rien. Le Conseil… Les Traditions blablablablaa… Ce n’est pas elles qui portent tout ce barda !
- Votre Altesse...
- J'en ai assez! Vivement que cela soit terminé! » ***************************
La première épreuve se déroula sans encombre. Il s'agissait d'un test de force dont une cinquantaine réussirent haut-la main. Les autres furent gracieusement dédommagés de leur peine par la Reine.
La deuxième était une épreuve de patience. Les candidats devaient résister à la tentation d'ouvrir la boîte qu'un serviteur leur avait donner et leur avait ordonner précisément de ne pas l'ouvrir jusqu'à son retour. La Reine-Mère fut déçue du nombres des candidats qui avaient ouvert la boîte. Seuls cinq candidats réussirent l'épreuve: deux nobles hapiens, un jeune marchant tirahnnien, un chevalier de Vena et un mystérieux et mince chasseur venant de Taanab. Ce dernier intriguait beaucoup le Reine-Mère. Elle sentait une sorte d'attraction vers cet individu. Elle ne savait pourquoi, mais elle espérait qu'il gagnerait la dernière épreuve.
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Les cinq derniers concurrents se présentèrent devant le trône de le Reine-Mère. Cette dernière leur présenta une table avec cinq coupes différentes: Une en cristal fin, une en or, une en argent ciselée, une en acier martelé et la dernière étant une simple timbale en céramique blanche. Devamso'Ain Pabu se leva afin d'annoncer l'épreuve:
« Avant que cette ultime épreuve commence, je tiens à féliciter les derniers candidats de leur courage et de leur patience. Bravo à vous. Cependant vos peines ne sont pas terminées. Vous devez prouvez votre intelligence et votre sagesse face à cette épreuve. A l'issue de celle-ci, le gagnant gagnera ma main et m'épousera. Je vais maintenant vous énoncer votre épreuve.
Cinq coupes, cinq candidats. L'une de ses cinq coupes est celle que j'utilise. Dans cette coupe se trouve un antidote. - Les candidats sont surpris. La souveraine sourit. -
Vous avez tous bu la boisson qu'un serviteur vous a remis avant d'entrer dans cette salle. Un poison était dans cette boisson. Trouvez donc vite ma coupe à boire. Sinon... Je n'ai pas besoin de vous expliquer ce qui vous arrivera...»Le marchand Tirahnnien, complétement paniqué à l'idée de mourir, prit la coupe en or et la but avant de s'écrouler au sol. L'un des deux nobles hapiens poussa un cri avant de se précipiter sur la coupe en cristal. Il s'effondra. L'autre prit la coupe en argent. Il tomba. Le chevalier prit calmement, mais on pouvait voir la sueur couler sur son front, la timbale en céramique. Il tomba lui aussi. Il ne restait que le chasseur qui prit donc la dernière coupe, la sentit... et la renversa. L'assemblée rugit. Comment osait-il ne pas boire l'antidote? Il allait mourir comme les autres! Le cœur de la Reine bondit de joie. Il avait réussi! Le chasseur se tourna vers ses compagnons, tâta leur pouls avant de se redresser vers la Reine-Mère. Cette dernière se retint de se lever avant d'annoncer:
« Eh bien, il semblerait que nous avons là notre gagnant. Vous seul avez compris que vous n'étiez pas empoisonné et que chaque coupe contenait la même potion de sommeil immédiat. Cher ami, veuillez vous bien découvrir votre visage et me dire votre nom? »Le jeune chasseur retira lentement son capuchon et... stupeur! A la place d'un homme se tenait une jeune femme aux cheveux courts blonds, au visage assez enfantin, l'air sérieux, qui prit la parole:
« Votre Altesse, Je me nomme Wolga Japa, je suis chasseuse de prime à Pandath, sur Taanab. Je tenais à vous dire que vous êtes très en beauté ce soir ma reine... » Devamso'Ain rougit derrière son voile. Une femme! Une femme avait réussi les épreuves! Cela ne s'était jamais vu! Wolga s'inclinait devant la souveraine sous les huées du public. Comment la Reine-Mère pouvait-elle avoir une descendance parfaite si elle se mariait avec une femme? Le brouhaha devint vite insupportable.
Brusquement la Reine-Mère se leva en hurlant:
« CESSEZ CE VACARME!! Wolga Japa a réussi les épreuves auxquelles je l'ai confronté avec courage, sagesse, intelligence et patience!! Elle a réussi là où tant d'hommes ont échoué!! Elle a donc gagné ma main. Et Peuple de Hapes! J'accepte de prendre comme Consort, la chasseuse de prime Wolga Japa! Les lois du Consortium ne précisent pas si le Consort doit être masculin ou non. Par conséquent, J'épouserais Wolga Japa! - Devamso'Ain Pabu descendit seule les marches en jetant sa coiffe vers la jeune femme. Elle la releva avant de lui sourire -
Parce qu'elle a conquit mon cœur... » Wolga Japa