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 Univers/Lore

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Maxsilv

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MessageSujet: Univers/Lore   Univers/Lore Icon_minitimeJeu 31 Aoû - 23:31

Univers/Lore



@Pilusmagnus, le 20/06/2016 à 18:09:02, dans la discussion Skype du « Café du Forum » a écrit:
Le world building ne prend sens qu’à travers une histoire.


Fort de ce leitmotiv, je me suis efforcé d’étoffer suffisamment l’univers de Tempérys pour rendre crédible cette entreprise de création d’un monde. Malgré l’enivrant plaisir que procure cet exercice, je souhaite, néanmoins, laisser aux joueurs·euses le soin de s’approprier à leur façon leur faction. C’est pourquoi, le contenu de ce sujet vise davantage à encadrer les futurs récits, auxquels – je l’espère – la partie donnera lieu, qu’à vous assommer de détails indigestes.


Si je suis disposé à apporter des compléments d’informations à ceux·celles qui en font la demande, non seulement je ne vous dissuade pas, mais je vous incite à laisser s’exprimer votre propre créativité, pourvu que le résultat paraisse vraisemblable et en accord avec ce qui suit. Le Monde Virtuel ainsi obtenu n’en sera que plus réussi.
* * *


I / Légende
II / Cultures
III / Géographie
IV / Histoire
V / Us & coutumes
VI / Situation
* * *


P. S. : Pour rappel, toutes les pages du fichier texte qui me sert de manuel de jeu requièrent un certain nombre de modifications avant de devenir les messages du forum tels que vous les avez sous les yeux. C’est pourquoi, à l’heure où vous lisez ces lignes, il est possible que le sujet soit encore incomplet. Dans ce cas, je ne peux que vous exhorter à la patience le temps que tout soit en place.
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Maxsilv

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MessageSujet: Re: Univers/Lore   Univers/Lore Icon_minitimeVen 1 Sep - 14:50

I / Légende


Au commencement étaient les Premiers-Nés. Façonnés à l’image de leur Créateur, celui-ci les nomma Archiviste, Artiste, Bâtisseur, Chasseresse, Éleveur, Enchanteur ou encore Évergète, Génitrice, Guérisseuse, Guerrière, Herboriste et Voyageur. Chacun·e naviguait entre les différentes ramifications d’un vaste domaine qu’il avait créé pour eux, dont les portes n’étaient qu’une mince barrière placée aux frontières de l’espace et du temps. Il suffisait alors d’une parole pour façonner un monde et de quelques pas pour parcourir ses fractales. Cette infinité de possibilités n’avait alors d’égale que le respect voué à l’Être Originel.

Hélas, celui-ci vint à faiblir, tandis que les Premiers-Nés s’appropriaient toujours plus ce dont ils avaient la charge, oublieux de celui à qui, pourtant, ils devaient tant. Finalement, tout bascula lorsque l’un des Douze ôta le Voile de l’un des passages. Cherchant à en percer les secrets, il rompit l’équilibre de la Création. D’abord ténue, inexorablement l’Ombre s’accrut, jusqu’à atteindre le cœur de l’esprit curieux qui l’avait libérée. Au souffle imperceptible succéda alors la tempête, balayant les Premiers-Nés uns à uns, tandis qu’ils imploraient l’aide d’un Créateur qui, délaissé depuis trop longtemps, s’était finalement muré dans le silence. À présent, leur sursaut de piété ne trouvait plus aucun écho et leurs fébriles appels à l’aide se noyaient dans le néant.

Comble du déchirement, les premiers mondes furent abandonnés et leur accès occulté à jamais. Face au péril, ceux qui n’avaient pas encore basculé du côté de l’Ombre n’eurent d’autre choix que de se désunir, chacun·e se repliant dans le lieu qu’il·elle avait le plus chéri. Bien des merveilles sombrèrent ainsi dans l’oubli… ou furent réduites à Néant. Dotés d’une longévité sans borne, d’une essence quasi-inaltérable, les Premiers-Nés se savaient immortels ; souffrance, destruction et désolation finirent par avoir raison de cette certitude, comme de bien d’autres. Pouvaient-ils seulement se douter que c’était l’un des leurs qui avait mis un terme à l’harmonie des origines ?


Deux Jumeaux, toutefois, ne purent se résoudre à se séparer. Étreints par une affection mutuelle, plutôt que de s’enfermer à jamais dans l’affliction, le frère et la sœur renoncèrent de vive voix à leur omnipotence ; s’ils ne pouvaient présider ensemble au devenir d’une œuvre qui leur était si chère, ils ne sauraient souffrir d’occuper séparément le devant de la scène. Aussi préférèrent-ils prendre une commune retraite. Devenus simples particuliers parmi les êtres qu’ils avaient engendrés, ces Premiers-Nés assistèrent, dorénavant impuissants, aux victoires de l’Ombre en des contrées auparavant vierges de toute souillure. Alerté par la détresse des derniers à ne s’être encore dérobés à sa vue, le Créateur leur accorda alors, au prix néanmoins d’une perpétuelle tourmente, de ne pas être submergés. Des larmes promises par les cieux naquirent ainsi deux clefs, afin que le Passage ne rime plus avec naufrage.

Accablés par les sacrifices consentis pour préserver deux des minces fragments de la Création, désormais en sursis, les Premiers-Nés parvinrent, au terme de leur geste, à trouver le repos. À leur tour, d’autres reçurent la garde de cet espace, puis le fardeau passa de générations en générations ; l’Ombre devint pénombre : invoqué à la moindre dissension, son spectre perdit irrémédiablement de sa superbe. Les Jumeaux leur avaient promis de revenir à l’avènement des ténèbres, mais l’on perdit jusqu’à la trace de la Porte des Mondes avant que ne survînt l’échéance autant attendue que redoutée. Reléguée parmi les mythes d’un âge révolu, considérée comme une simple curiosité ou même simplement oubliée, elle échappa, dès lors, au regard de ceux·celles qui, en contrebas, étaient trop occupé·e·s à se quereller pour en percer les secrets.

Au milieu du tumulte ambiant, les personnes encore à l’affût se raréfièrent. Pareille mégarde ne devait pas passer inaperçue ; tapi dans les profondeurs, un mal se languissait. Loin de se morfondre, il se préparait derechef à fondre sur ce pan de l’existence. Peu lui importait que plusieurs assauts successifs ne suffissent à réduire cette enclave ; aux confins du monde, le cycle des saisons cessait de rythmer le cours du temps, altéré au point que son écoulement se fît à rebours. Naturellement, le Néant y était advenu, non devenu le pendant de la Création. L’Ombre avait pris corps et essence à leur point d’achoppement ; dépourvue de force contraire, elle seule avait vocation à s’étendre au détriment de toutes les autres.
* * *

Ainsi débute le Grimoire du Renégat, et avec lui la genèse de Tempérys, une vallée-monde façonnée par le cours d’un fleuve et de ses multiples affluents, depuis les hauts plateaux des monts argentins, jusqu’aux rives arénacées de la mer diaphane. Une ère, depuis, vint à s’écouler, rythmée par la riche histoire des peuples qui, consciemment ou non, reçurent en héritage l’œuvre des Premiers-Nés, ou du moins ce qu’ils avaient jadis su préserver dans leur lutte contre l’Ombre.


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Maxsilv

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MessageSujet: Re: Univers/Lore   Univers/Lore Icon_minitimeVen 1 Sep - 15:25

II / Cultures


Au crépuscule de l’ère Duale, moment où les annales commencent à proposer une datation unanime des événements, quatre races anthropomorphes se partagent, de plus ou moins bonne grâce, le contrôle de Tempérys. Chacune entretient des particularités physionomiques, un mode de vie, ainsi que des traditions culturelles qui lui sont spécifiques. Ainsi, depuis de hautes demeures, fuyant les affres du temps, les Elfes scrutent un horizon tourmenté. En contrebas, les Humains, êtres à l’appétit insatiable, se disputent les miettes d’un pouvoir éphémère. Dans leurs montagnes, les Nains, quant à eux, garants d’un empire ruiné, maugréent après ses ennemis d’antan. Aux marges de cet espace, enfin, les Pirkes, habiles en surface comme en profondeur, sur mer comme sur terre, bourdonnent.
* * *

Elfique

Spoiler:

De taille moyenne (généralement cinq pieds) et de constitution médiocre, quoique peu sujets aux épidémies, les Elfes (ou Ælvë, ce qui signifie « les Êtres » dans leur langue), sont reconnaissables à leurs traits fins, à leur visage imberbe et à leurs oreilles pointues. Outre l’adresse remarquable dont chacun·e fait preuve dans tout ce qu’il·elle entreprend, leur principal atout réside dans une longévité exceptionnelle. Leur espérance de vie peut, en effet, approcher le millénaire, compensant ainsi une natalité dérisoire. Cette faiblesse démographique se reflète dans le paradoxe que constitue la société elfique : si raffinée et pourtant organisée selon une structure primitive, centrée sur la cellule familiale, dont la cohésion principale est assurée, autre spécificité, par une figure matriarcale.

Prétendant à la préséance depuis leurs domaines forestiers, les Elfes affirment non seulement être la plus ancienne des quatre races à avoir colonisé la Vallée, mais surtout la seule à avoir reçu la faveur des Premiers-Nés, juste avant que ces derniers ne se retirent du monde. Si ces assertions sont difficilement vérifiables, puisqu’elles reposent exclusivement sur les dires d’héritiers auto-proclamés, les Elfes n’en manifestent pas moins une maîtrise sans pareille de l’Énergie Lumineuse, qu’elle soit vue comme un don du Créateur ou plus prosaïquement comme de la magie sous une forme sophistiquée. Cette filiation plus ou moins mystifiée les conduit naturellement à chaperonner la destinée des autres peuples, même si l’amère expérience de la guerre menée contre les Nains les incite dorénavant à opter pour un interventionnisme plus mesuré.

Leur démographie ayant alors été saignée par ce conflit, l’épine dorsale des armées elfiques repose plus que jamais sur la conscription, alternant entre formations serrées de lanciers et bataillons dispersés d’archers, encadrés par quelques chars sur lesquels prennent place une poignée de magiciens. Cette milice n’a, néanmoins, que le nom de commun avec la piétaille des autres races, car l’expérience de la moindre de ses recrues repose sur plusieurs décennies d’entraînement. En conséquence, ce que ses détracteurs décrivent souvent comme une élite déficiente s’apparente effectivement à une force limitée, justifiant l’usage parcimonieux qu’en fait présentement le Cercle des Archontes : douze mages de renom présidant à la destinée des clans elfiques, reflet du panthéon des Premiers-Nés.
* * *

Humaine

Spoiler:

Les Humains furent surnommés les « Grandes Gens » (certains d’entre eux peuvent dépasser les six pieds de hauteur) par ceux qui virent avec surprise débarquer une myriade d’hommes, de femmes et d’enfants, sans possibilité de retour vers la contrée lointaine dont ils étaient originaires. Installés sur les rives du Fleuve, au terme de ce que les mémoires consignèrent comme le Passage Outremer, ces derniers prospérèrent. En dépit de la nature belliqueuse des nouveaux habitants, les relations restèrent longtemps amicales avec les Elfes qui, gracieusement, leur avaient évité de mourir de faim et de froid dès le premier hiver. Les Nains ne furent pas en reste, puisqu’ils consentirent à des largesses, qui furent ensuite largement récompensées non seulement par un partenariat commercial durable, mais aussi par la manne de mercenaires disponible pour contenir les avancées pirkes, par opposition à des soldats elfiques jugés beaucoup trop pusillanimes – et prétentieux par-dessus le marché.

Si, génération après génération, cette arrivée en Tempérys continue d’alimenter les histoires racontées au coin du feu, rares sont désormais ceux·celles à pouvoir la dater, ou ne serait-ce qu’à s’y essayer : est-elle survenue voici trois siècles, voilà un millénaire… les estimations varient du simple au triple. Quant aux événements antérieurs, ils sont pour beaucoup oubliés à jamais ; même les plus fins érudits ne parviennent pas à reconstituer une trame chronologique convenable. Les Humains ont, en effet, une espérance de vie inférieure à celle des autres races (à l’exception des Pirkes), et entretiennent un rapport beaucoup plus volatile avec le temps. Ceci explique sans doute pourquoi leur plus ancienne tradition repose sur de Saintes Écritures, le plus sûr moyen de pérenniser les paroles transmises par la divinité, une et trine à la fois, en laquelle ils croient, sous la vigilance d’un clergé très hiérarchisé, majoritairement masculin, avec à sa tête un archevêque.

Grand vecteur de stabilité dans une société autrement en pleine effervescence, où chacun aspire à obtenir une place toujours plus enviable, quitte pour cela à rabaisser son prochain, le christianisme prêché par ces prélats protège d’ordinaire les personnes désarmées, rappelle aux rois et aux princes leurs devoirs, arme les preux contre les gueux. Toutefois, à l’image de la nature humaine imparfaite, il favorise également la corruption et la superstition, voire n’hésite pas à inciter des armées entières, un instrument de torture pour oriflamme, à courir sus aux ennemis de la foi. Ces derniers doivent alors craindre la venue de plusieurs milliers de soldats, pour l’essentiel des troupes demeurées piétonnes et enrôlées à la hâte, mais placées sous le commandement d’un noyau de chevaliers aux montures caparaçonnées, capables de prouesses martiales remarquables.
* * *

Naine

Spoiler:

Petits mais robustes, les Nains ( Tsverg en runes) forment un peuple fier, dur en affaires, ainsi que prompt à la colère ; bien mal inspiré serait celui qui oserait dire devant eux qu’ils sont de taille insignifiante, quand bien même les Pirkes les dépassent de plusieurs pouces. En effet, le dernier en date – un prince elfique – à avoir malencontreusement qualifié de « nabot » l’un d’entre eux déclencha un conflit qui ne s’acheva que lorsque les deux camps, à bout de forces, n’eurent d’autre choix que de s’unir pour faire face à une menace littéralement existentielle. Malgré cet ultime sursaut, des pans entiers de l’empire nain ne purent être sauvés et furent abandonnés. À son apogée, celui-ci, exclusivement souterrain, s’étendait sans la moindre discontinuité depuis les contreforts des monts argentins jusqu’aux fondations du cercle astral ; aujourd’hui, n’en subsistent que des fragments épars, à la rancune tenace.

Endurcie par le travail de la roche, des métaux, etc., la société naine honore ses aïeux, mais ne s’agenouille devant aucun dieu. Celle-ci s’est cloisonnée en une série de castes, liées au métier des familles qui s’y rattachent et auxquelles celles-ci ne peuvent en principe déroger, sauf adoption ou mariage. S’il est plus fréquent d’être né mineur que forgeron, cette impossibilité de sortir du rang s’assortit d’une stricte égalité juridique, tout dirigeant étant par exemple tiré au sort entre les différents prétendants nobles. Exception notable, seuls les membres de la caste des marchands sont habilités à se promener librement à la surface ; si d’aventure vous y croisez un Nain n’en faisant pas partie, alors il est soit en mission, soit hors-la-loi. Qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme, vous le reconnaîtrez à sa carrure trapue, ses épaules carrées et une pilosité faciale marquée – selon le dicton, un nouveau-né dont la barbe pousse plus vite que les cheveux fait la fierté de ses parents.

Inventeurs hors-pairs, artificiers de génie, les Nains sont, par ailleurs, devenus experts dans la maîtrise de la poudre noire, un mélange déflagrant de salpêtre, de soufre et de charbon, que les autres races sont bien en peine de reproduire. À l’inverse, ils demeurent complètement hermétiques à la magie, qu’ils estiment nuisible, car rendant fou à plus ou moins long terme – selon eux – ses adeptes. Aussi préfèrent-ils employer leur temps et leur énergie à une pratique strictement fonctionnelle, à savoir couvrir de runes leurs armes et armures, corps inertes qu’au moins ils savent dénués de toute forme de volonté. Ceci assure à leurs guerriers une protection exemplaire sur le champ de bataille, qui, couplée à leur opiniâtreté, leur permet d’encaisser les pertes les plus lourdes, et de trouver encore la force pour contre-attaquer ensuite. Vouloir avoir raison à l’usure d’une armée naine rime souvent avec gageure.
* * *

Pirke

Spoiler:

Quoique aussi d’aspect humanoïde, les Pirkes ne partagent pas les similitudes physionomiques des autres races ayant peuplé Tempérys. D’ailleurs, ces dernières œuvrent depuis des siècles à contenir aux marges de cet espace une espèce avec laquelle toute reproduction est, à leurs yeux, compromise, la descendance n’étant le plus souvent pas viable. Comme le relèvent ces mêmes observateurs, leur dos, leur buste, ainsi que les parties supérieures de leurs membres sont parsemées de proéminences osseuses enchâssées dans une peau épaisse, recouverte de corne, tandis que la pupille de leurs yeux s’apparente à une fente serpentine, et que leur mâchoire comporte de puissantes canines qui font office soit de défenses, un peu comme un sanglier, soit de mandibules d’insecte – les avis diffèrent selon que l’on souhaite insister sur leur bestialité ou bien sur l’aversion qu’ils inspirent.

En apparence, ces créatures au langage guttural constituent plus une curiosité qu’une menace. Seulement, elles ont une conception très limitée, sinon inexistante, de la diplomatie. Les relations qu’elles entretiennent avec autrui se résument à une binarité affligeante : soient elles l’intègrent à leur groupe, soit elles lui cognent dessus… généralement jusqu’à ce que mort s’ensuive. Ce comportement leur vaut un mépris unanime et compréhensible, mais leurs voisins auraient déjà courbé l’échine depuis longtemps, pour peu que les Pirkes fussent durablement parvenus à s’entendre. Que les uns distinguent ceux du dessous ou du dessus – selon qu’ils n’aient de cesse de ravir aux Nains leur monde souterrain, ou se contentent de la surface –, les autres, ceux des terres ou des mers – les premiers mènent des incursions ponctuelles sur les territoires humains, les seconds des razzias annuelles le long des côtes –, force est de reconnaître leur formidable capacité d’adaptation aux environnements qu’ils rencontrent.

Chaque individu place la communauté à laquelle il appartient au-dessus de toutes ses priorités ; là où les castes constituent les véritables rouages des sociétés naines, les colonies pirkes sont leur seule raison d’être. Si deux groupes rivaux peuvent farouchement s’opposer, aucune dissension n’est concevable à l’intérieur aussi bien de l’un que de l’autre. Pour peu que plusieurs colonies forment un amas, ce sont alors plusieurs myriades de personnes qui marchent à l’unisson ; pour les territoires frontaliers, toute incursion se mue vite en invasion. Non pas que ces turbulents voisins aient beaucoup enrichi l’art de la guerre – leurs catapultes ne peuvent souvent rien contre les murailles bien garnies d’une cité humaine –, ni même acquis une connaissance remarquable des arcanes – un shaman et sa magie animiste se feront ratatiner (au sens propre comme au figuré) par un simple apprenti elfe –, mais leurs armées reviennent inlassablement, pourvu que le groupe dans son ensemble ne reflue pas… ou que le meneur ne soit pas occis, sa mort seule pouvant assurer une dispersion immédiate et durable.
* * *

Crédits des images : @Jemjine.


Dernière édition par Maxsilv le Ven 1 Sep - 17:21, édité 1 fois (Raison : Correction d’une maladresse stylistique.)
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MessageSujet: Re: Univers/Lore   Univers/Lore Icon_minitimeVen 1 Sep - 18:10

III / Géographie


La présence prolongée, en un même espace, d’acteurs aussi influents n’est pas dénuée d’impact sur l’environnement, en témoignent les galeries percées dans les montagnes, les tourbières transformées en terres arables, les ponts jetés par-dessus les précipices, les forêts entières abattues, etc. Nonobstant ces bouleversements, le relief, autant que les précipitations ou encore la qualité des sols continuent d’imposer des contraintes durables aux différents peuples de Tempérys ; toute sortie des sentiers balisés rappelle vite les limites de leur emprise, bien des endroits restant rétifs aux vues de ses habitants.

S’il est illusoire de prétendre résumer la richesse d’un monde à quelques-uns de ses panoramas, douze lieux retiennent inévitablement l’attention, que ce soit en raison de leur importance stratégique, de leur attrait symbolique ou même de leur beauté singulière. Les mots n’ont, certes, pas le pouvoir d’en tracer les contours, d’en dépeindre les myriades de couleurs, mais leur force évocatrice est suffisante pour que l’imagination humaine prenne le relais et que le monde ainsi décrit acquiert une certaine réalité. Pour ses protagonistes, d’ailleurs, la cartographie n’en est encore qu’à ses balbutiements, aussi les récits de voyage demeurent-ils un plus sûr moyen de (re)trouver son chemin que de se fier aux représentations imagées du monde, plus théoriques qu’empiriques.
Spoiler:

( 1 ) Cercle astral

Culminant au-dessus des forêts de Béryl, les cimes effilées de la chaîne des monts cristallins enclosent le cercle astral : le cœur des contrées elfiques. Ainsi abritées, ces dernières jouissent d’un climat sans pareil, naturellement clément, fait de précipitations abondantes et de températures douces été comme hiver. Sanctuarisées depuis la guerre de l’Affront, ces hauteurs aux neiges éternelles sont le lieu où les mages elfiques consultent les oracles draconiques, des créatures à la longévité plurimillénaire, aussi terrifiantes que clairvoyantes.

( 2 ) Cirque éruptif

Ancien cratère d’un volcan aux pans partiellement effondrés, la végétation commençait déjà à reprendre ses droits lorsque les Nains attisèrent le feu qui sommeillait dans les entrailles de la roche. Dorénavant, alimentés par la chaleur des remontées magmatiques, engloutissant l’essentiel des réserves en eau de pluie d’un important complexe d’aqueducs, de canaux et de citernes, les hauts fourneaux d’Ochoz vomissent nuit et jour leur âcre fumée dans le cirque éruptif.

( 3 ) Col de Feror

Au milieu du massif des monts argentins serpente la dernière portion de la route du Levant. En son point le plus élevé culmine le col de Feror, déneigé à grand peine en hiver pour permettre la seule liaison de surface entre les bastions nains des monts argentins et le reste de Tempérys. Passage quasi-obligé pour les invasions pirkes en provenance de la plaine innommable, les Nains répertorient non moins de trente-six affrontements dont il a été le théâtre.

( 4 ) Désert d’Aspic

Connus pour abriter quelques-unes des espèces les plus venimeuses de Tempérys, les dunes et les plateaux arides qui s’étendent à perte de vue dans le désert d’Aspic rebutent même les Pirkes. Quant aux rares aventuriers qui osèrent affronter sa fournaise, en quête de quelque oasis verdoyant ou temple mystérieux, aucun d’entre eux ne revint jamais pour en parler, laissant libre cours aux histoires les plus folles, comme celles d’un peuple des sables vénérant des créatures diaboliques.

( 5 ) Fleuve Ophydre

L’Ophydre est l’épine dorsale de Tempérys. Ce grand fleuve sillonne la Vallée pour se jeter dans la mer diaphane, aux portes de la cité humaine Pépinople. S’il tire – semble-t-il – sa source du cœur des forêts de Béryl, eu égard à ses multiples affluents, chacun·e a coutume de placer l’Ophydre en sa contrée, ce qui n’est pas sans susciter quelques quiproquos.

( 6 ) Forêts de Béryl

Les sylves luxuriantes nichées en contrebas du cercle astral sont réputées pour leurs sentiers noueux et leurs troncs tortueux, dont l’enchevêtrement surprend tout voyageur arpentant la route du Ponant. Le Fleuve lui-même, emmitouflé de verdure, disparaît de sa vue au moindre méandre, pour ne parfois plus réapparaître pendant des lieues. Faute de repères facilement identifiables, les services d’un guide elfique sont donc pratiquement indispensables à quiconque s’aventure dans la région.

( 7 ) Lac boréal

Pris dans les brumes et les glaces au cours d’hivers dont la durée et l’intensité sont sans commune mesure avec ceux rencontrés ailleurs dans Tempérys, ce grand réservoir d’eau douce est situé à l’extrême nord des contrées humaines. Longtemps théâtres d’aventures et de contes fantastiques, ses abords méridionaux ont récemment vu se développer un commerce très lucratif, faisant la fortune des marchands de la république féarde.

( 8 ) Mer diaphane

À son embouchure, l’Ophydre rencontre la mer diaphane. Moins sauvage et tourmentée que l’Outremer, l’océan dont elle est séparée par l’île-aux-Chanoines, le détroit des Pèlerins, ainsi que le cap du Midi, sa surface est propice à la navigation. Les Pirkes venus des îles tropicales pour harasser les Humains peuplant ses rivages en sont bien conscients. Ainsi, à la belle saison, la recrudescence de leurs attaques limite les échanges maritimes à du cabotage sous bonne escorte, non exempt de naufrages.

( 9 ) Monts argentins

Cette chaîne de montagnes, réputée pour ses gisements argentifères, décrit un arc de cercle qui s’étend sur plus de deux cents lieues, depuis les rives du lac boréal jusqu’aux premières dunes du désert d’Aspic. Depuis des siècles, ce massif et les forteresses naines qui affleurent à sa surface protègent la vallée Tempérys de la plaine innommable et des nombreuses colonies pirkes qui la peuplent.

( 10 ) Monts cristallins

Quiconque questionne, en présence des Nains ou des Elfes, les dimensions de la chaîne des monts cristallins réveille immanquablement les rancœurs passées. Les premiers distinguent, en effet, ce qu’ils considèrent comme leur pré carré, le cercle astral, du reste du massif montagneux. Les seconds, quoique ne contrôlant plus que sa partie septentrionale, le prétendent toujours indivisible et, à ce titre, estiment en avoir été injustement chassés, durant la guerre de l’Affront.

( 11 ) Outremer

Plutôt qu’un lieu précis, c’est une interface. Voilà pourquoi il est tout autant possible de parler de « Passage Outremer » pour qualifier le périple qui, par-delà les flots, mena les Humains à Tempérys, que d’océan Outremer pour désigner les flots qui s’étendent à perte de vue au-delà de la mer diaphane, reliant entre deux tempêtes un chapelet d’îles exotiques au Continent.

( 12 ) Plaine innommable

Pour le plus grand nombre, terra incognita suffit à désigner le territoire situé au-delà des monts argentins. D’aucuns prétendent y voir un abîme sans fond, mais la seule absence de fondement que l’on puisse déplorer est celle de cette superstition idiote. Certes, des explorations entreprises par les Nains, au faîte de leur puissance, il ne reste que des fragments de récits, mais ils décrivent un espace balayé par les vents, aux étés arides et aux hivers rudes. Pendant des siècles, les Pirkes s’en sont contentés…


Dernière édition par Maxsilv le Sam 2 Sep - 11:58, édité 1 fois (Raison : Correction d’une imprécision.)
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MessageSujet: Re: Univers/Lore   Univers/Lore Icon_minitimeSam 2 Sep - 11:30

IV / Histoire


Passé cet état des lieux en apparence trivial, le paysage politique révèle des divisions beaucoup plus nombreuses, qui, en ces temps de grands changements et de profondes incertitudes, tendent même à s’accentuer, aiguisant les appétits des plus ambitieux·euses. Cependant, leurs trajectoires individuelles, ainsi que leurs initiatives personnelles, aussi inédites soient-elles, restent toutes conditionnées par les événements qui les ont précédées, qu’ils soient réels ou mystifiés. En faire le récit détaillé est malaisé, à moins d’y consacrer tout le sujet, ce qui est inconcevable et encore moins souhaitable, dans la mesure où chacun·e, au cours du jeu, doit pouvoir s’approprier l’univers pour y inscrire sa propre épopée. Néanmoins, certains faits ne peuvent être omis, tant ils marquèrent profondément ceux·celles qui en furent témoins. Depuis, leur souvenir est resté ancré dans les mémoires.

Bris du Cercle

Le Cercle des Archontes ne comprend pas à proprement parler de chef·fe. Les douze mages de talent qui le composent ont, en effet, pour habitude de prendre de façon collégiale et surtout unanime les décisions qui concernent la destinée des clans elfiques. Lorsque l’un·e des leurs vient à mourir, le choix d’un·e nouvel·le archonte, parmi les enchanteurs·eresses de l’académie de Viridial, obéit à des exigences comparables. S’il n’est pas rare de voir une élection s’étaler sur plusieurs années, le Cercle finit toujours par s’accorder sur un nom. Parfois, celui-ci s’impose comme une évidence ; tel est le cas d’Eldard et de Guintrand, les deux mages les plus prodigieux de leur époque. Entrés au conseil avant leur trois-centième anniversaire – un record –, ce sont aussi deux fortes têtes, aux vues diamétralement opposées en ce qui concerne le devenir du Cercle.

Le second, plus âgé, est favorable au maintien des traditions existantes, avec toute la lenteur décisionnelle qui les accompagne. À l’inverse, le premier, anciennement son élève, mais surtout figure de proue de la jeune génération, milite pour la reconnaissance d’un statut de disciple d’archonte, devant ouvrir la voie à une succession préparée dès la formation académique. Et cela est le moindre de leurs différends ; secrètement, le benjamin conçoit le projet de rouvrir la légendaire Porte des Mondes, qu’il croit avoir identifiée. À rebours de ses aînés, il ne la considère pas comme un point inatteignable dans le lointain, mais comme une position dynamique, liée aux mouvements des astres. Au moyen de savants calculs astrologiques, il prévoit même le moment où elle passera au-dessus du cercle astral.

Sollicitant à cette date la tenue anticipée d’une réunion des archontes, Eldard, qui mène de front recherches avant-gardistes et ascension personnelle, inquiète de plus en plus son ancien mentor, dont les travaux sont désormais surclassés et la position prééminente menacée. Comme il en a encore la possibilité, Guintrand soumet alors une mesure-choc : l’interdiction formelle pour les élèves de pouvoir prétendre en même temps que leur maître à l’archontat. Cette provocation gratuite à l’encontre de son ancien disciple fait l’effet d’une déflagration… au sens propre. Au lendemain de la réunion, on retrouve le corps sans vie de dix des douze archontes, mais aucune trace des deux rivaux. Ironie de l’histoire, à défaut de cooptation possible, leur succéderont des disciples, comme le voulait la jeune génération.

Guerre de l’Affront

Rarement un conflit n’aura à ce point déchiré Tempérys pour un motif aussi futile. À l’origine, l’Affront est elfique : lors d’une visite de routine, le dernier-né du clan Zebhyriel, emporté par la fougue de la jeunesse – à quatre-vingts printemps, un Elfe est à peine sorti de l’adolescence –, ose qualifier de « nabot » le noble nain ayant refusé de lui accorder une audience. Pourtant, l’ouverture des hostilités est indéniablement une initiative naine. Profitant de l’effet de surprise, une de leurs armées parvient jusqu’à la cité elfique d’Algarin et s’en empare ; sa population a tout juste le temps de fuir. La réplique ne tarde guère : le grand aqueduc, soit la clef de voûte de l’alimentation en eau du cirque éruptif, est saboté, ce qui provoque l’inondation des étages supérieurs d’Ochoz, faisant des centaines de victimes.

Si elle peut suffire à le justifier, une insulte ne saurait expliquer un tel déferlement de violences. Celui-ci puise, en effet, sa source dans les racines du cercle astral, où les intérêts des deux protagonistes sont rentrés en concurrence. L’empire nain, bien que commençant à perdre du terrain aux confins des monts argentins, brille encore d’une prospérité inégalée et convoite les richesses minières des monts cristallins. Les clans elfiques, en revanche, sont aux abois depuis que le Cercle des Archontes, le conseil de leurs plus éminents mages, vola littéralement en éclats lors de sa dernière réunion. Quoique l’enquête ne donnât rien de probant, la responsabilité du drame fut très vite reportée sur ces voisins tant honnis.

De débâcles en désastres, nonobstant les quelques accalmies, la guerre se poursuit pendant cent quarante-quatre années, sans qu’aucun camp ne soit en mesure de prendre durablement l’avantage. Chacune des innombrables batailles présumées décisives se conclut, inévitablement, par un bain de sang et de larmes, jusqu’à ce qu’une rencontre entre deux armées exsangues sur les berges de l’Ophydre ne change radicalement la donne… Confrontés à un ennemi inattendu, les belligérants consentent dans l’urgence à s’entendre. Depuis, la trêve s’est muée en paix pérenne, encore que les excuses elfiques ne portent que sur l’accusation infondée d’assassinat de leurs archontes, non sur l’emploi du mot « nabot », l’élément déclencheur des hostilités, jamais renié.

Grande Migration

Les Pirkes sont de vieilles connaissances pour les Elfes et les Nains. Occupant les limites de leur monde, ceux-ci demandent un peu d’attention, certes, car ils ont vite fait d’infester un lieu laissé à l’abandon, mais leurs incursions récurrentes n’ont jamais franchi le col du Feror et encore moins atteint le cercle astral. À vrai dire, les deux races maîtresses de Tempérys, confiantes dans leur force, oublieuses de leurs faiblesses, ne les ont jamais crus capable de constituer une menace sérieuse… enfin, jusqu’à ce que ne commence la Grande Migration, en l’an 404 de l’ère Duale (suivant la datation retenue depuis). Des signes avants-coureurs sont, pourtant, identifiables bien avant le déclenchement inepte de la guerre de l’Affront.

Lorsque la petite cité naine de Brusk, logée dans les entrailles d’une montagne reculée de la chaîne des monts argentins, cesse subitement de donner le moindre signe de vie, les Faiseurs de Mémoire constatent le décès de ses occupants, sans s’en inquiéter outre mesure. L’emplacement, sujet aux éboulements, est de toute façon peu propice à l’excavation. À la veille de l’incident diplomatique, les victimes de ce que l’on commence à nommer le « mal des profondeurs » se sont accumulées, mais l’on préfère encore s’enthousiasmer de l’expansion du jeune bastion d’Oltwirk, dans la chaîne jumelle des monts cristallins. Cet aveuglement est largement partagé par les Elfes, dont les luttes entre archontes puis leur disparition soudaine inhibe toute prise de conscience du danger qui les guette.

Par la suite, les pertes subies au cours de la guerre de l’Affront éclipsent toutes les autres. Du fait des priorités du moment, nul ne se soucie vraiment de la présence anormalement élevée de Pirkes de part et d’autre des monts argentins. Il faut attendre la bataille des berges de l’Ophydre et la vue de montagnes vomissant des guerriers pirkes par milliers pour qu’enfin soit prise la mesure de cette vague migratoire, intelligemment préparée. En effet, ces créatures, quittant l’inhospitalière plaine innommable, investissent la Vallée en l’espace de quelques années, profitant des galeries naines qu’elles ont subtilisées à leurs propriétaires. Il s’ensuit, dès lors, de longues décennies de luttes pour tenter en vain de rétablir un statu quo ante bellum.

Passage Outremer

Après une nuit orageuse, banale en période estivale, plusieurs vaisseaux d’un genre inconnu, malmenés par les flots, accostent à l’embouchure de l’Ophydre. Ses occupants, des marins de grande taille, sont accueillis sur le rivage par une poignée d’Elfes circonspectes, avec lesquelles la barrière de la langue complique les échanges. Cependant, la benjamine du groupe, curieuse et consciente de n’avoir affaire ni à des Pirkes, qu’elle abhorre et pourchasse depuis son adolescence, ni à des Nains, qu’elle peine à ne pas détester, insiste pour partager un repas avec le chef et sa suite avant qu’ils ne reprennent la mer. Ces messieurs, impressionnés par l’aplomb de cette amazone, acceptent l’invitation.

Le geste se révèle heureux, l’affabilité de cette première rencontre conditionnant durablement les relations entre Elfes et Humains. Ces derniers, après avoir fui précipitamment et en grand nombre quelque contrée lointaine, sont d’abord confinés sur l’île située au centre de la mer diaphane. Le Cercle des Archontes, avec une célérité rarement observée, s’accorde pour leur céder l’estuaire de l’Ophydre. Pareille décision, concrètement irrévocable, profite aux deux partis, puisque les Elfes, trop affaiblis par la cascade de malheurs à laquelle ils sont confrontés depuis des siècles, n’ont plus les moyens d’interdire à leurs ennemis l’accès à la partie méridionale de Tempérys. Ainsi l’établissement des Humains dans la basse vallée de l’Ophydre vise-t-il à prévenir une nouvelle invasion pirke.

Les Oreilles Pointues ne sont pas les seules à manifester de l’intérêt pour ces Grandes Gens. Les Nains songent à leur tour au profit qu’ils peuvent tirer de la situation. Si leur empire est dévasté, ils disposent encore de richesses considérables et sont toujours à la recherche de partenaires commerciaux. De surcroît, ils pressentent l’allié de choix que peut devenir ce nouveau voisin pour chercher des noises aux Elfes sans contrevenir ouvertement à la paix conclue à la suite de la guerre de l’Affront et donc risquer un embrasement général. Quelques siècles plus tard, dans les années 791 à 830 de l’ère Duale, la conquête du Valamarne par le comte Roland, financée en sous-main par l’or des monts argentins, leur donnera raison, au grand dam de leurs meilleurs ennemis.
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MessageSujet: Re: Univers/Lore   Univers/Lore Icon_minitimeDim 3 Sep - 11:50

V / Us & coutumes


De leurs origines lointaines, les différents peuples de Tempérys conservent, outre le souvenir, des traditions vivaces, à laquelle ils restent très attachés, en témoignent les exemples suivants.

Appel

La cérémonie de l’Appel occupe une place singulière parmi les rites initiatiques qui rythment la vie des jeunes Elfes, ne serait-ce que parce qu’elle ne concerne qu’une infime fraction d’une population déjà peu nombreuse. Ne sont, en effet, appelées que les personnes ayant fait l’expérience sensorielle des flux magiques, que ce soit de manière oculaire, auditive, etc. Repérées dès l’enfance, celles-ci quittent durablement leur clan pour rejoindre l’académie des mages, située au nord-est du cercle astral, et y apprendre à maîtriser cette faculté innée, sous le regard exigeant de leurs aînés. Si ce déracinement peut être vécu diversement selon les individus, la perspective de voir l’un de ses membres accéder à l’élite fait toujours la fierté de sa communauté d’origine, qui organise une grande fête à la veille du départ.

Censures

Le clergé humain doit ouvrir la voie vers l’au-delà et la cité de Dieu. Cette vocation le conduit volontiers à imposer ses préceptes – avec plus ou moins de succès – au reste de la communauté. Dans le cas où ceux-ci viennent à être scandaleusement bafoués et que la commune renommée s’en trouve ébranlée, par exemple si un individu fait un usage notoire de la sorcellerie (la magie est encore taboue chez les Humains), la charge des âmes qui incombe aux autorités ecclésiastiques les incite à fulminer des sanctions canoniques avec la plus grande sévérité. Au nombre de trois – excommunication, interdit et suspense –, ces dernières, aussi appelées censures, visent à ramener dans le troupeau la brebis égarée, fût-ce par son exclusion préalable… une sentence souvent lourde de conséquences.

Exil

Pour la justice naine, il n’existe pas pire peine que l’Exil. Certes, tous les Exilés ne sont pas des criminels. Certains, par goût pour l’aventure, d’autres, faute d’avoir trouvé leur place en contrebas, délaissent les profondeurs pour explorer le monde d’en haut. Quelle qu’en soit la raison, la justice naine reste cependant intransigeante : quiconque quitte le couvert de la roche sans y avoir été autorisé voit son nom martelé des tables mémorielles, ainsi que ses biens souterrains saisis. En principe, la sentence est irrévocable ; l’Exilé n’est pas seulement tué symboliquement, il est même considéré comme n’ayant officiellement jamais existé. Vivant à la surface, la Fraternité de Fürn est donc de facto hors-la-loi.

Frisson

L’horizon d’un Pirke se limite à celui de sa communauté. Pareille assertion se trouve confortée par une large majorité de traditions, à l’exception notable du « Frisson ». Leur parler ne s’accompagnant que très occasionnellement d’une mise par écrit, cette traduction renvoie plus à une tonalité proche qu’à une équivalence sémantique, pour laquelle « frémissement » eût davantage convenu. Chez les shamans, ce mot décrit autant une sensation qu’une pratique ancestrale, nécessitant de parvenir à une forme de transe. Justifiant en retour la place centrale qu’ils occupent au sein de leur société, cet état permet aux individus hypersensibles à la magie d’entrer en relation et notamment d’anticiper, souvent des années à l’avance, un changement de cycle – une grande migration, par exemple.
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MessageSujet: Re: Univers/Lore   Univers/Lore Icon_minitimeLun 4 Sep - 17:33

VI / Situation

Spoiler:
Au commencement du Monde Virtuel, en l’an 867 de l’ère Duale selon la datation commune, Tempérys est en ébullition. Dans le cercle astral, les archontes elfiques, réunis en urgence, évoquent déjà le spectre d’une crise comparable à celle survenue quatre siècles plus tôt. Au cœur des monts argentins, les Faiseurs de Mémoire craignent de devoir procéder à une nouvelle « obstruction », c’est-à-dire à la fermeture des portes de Spiror, leur citadelle, comme au plus fort de la guerre de l’Affront. Sur l’île-aux-Chanoines, l’Archevêché assiste, anxieux, à l’éclatement du royaume humain ; privée de l’appui du bras séculier, l’autorité spirituelle se sait à la merci de ses ennemis. En effet, aux confins du monde, grondent la Gorge de l’Écho et le signal de la Seconde Grande Migration…

Troublant Contournement

Depuis des temps immémoriaux, les colonies pirkes s’assemblent et se désassemblent selon une dynamique qui leur est propre. Pour chacun de ces amas en puissance, l’histoire ne s’apparente pas à une continuité d’événements, éventuellement divisée en périodes, comme pour les autres cultures de Tempérys, mais à un enchaînement de cycles courts, dont l’importance fluctue au gré des priorités de ceux qui en entretiennent la mémoire. Ainsi, ce qu’Elfes et Nains qualifient de Grande Migration ne redevint l’un des marqueurs principaux du destin pirke que récemment, quand les colonies connurent une nouvelle phase d’agrégation, étonnamment synchrone, dans les îles Outremer, où s’étaient réfugiés des groupes chassés de la Vallée au cinquième siècle de l’ère Duale, comme dans la plaine innommable.

Au sud, les Pirkes n’avaient jamais complètement délaissé le Continent ; ils y reprirent pied d’autant plus aisément que le royaume humain se cantonne ici aux abords de la mer diaphane. À l’est, en revanche, la barrière rocheuse des monts argentins relève d’un obstacle beaucoup plus conséquent, d’autant que leurs occupants, échaudés, surveillent avec attention les galeries souterraines. Sans doute est-ce la raison pour laquelle l’amas « Igrudi » – du nom de sa colonie-mère, Igrud – préféra contourner le bastion nain de Trassen, quitte à passer à la limite du désert d’Aspic, avant de s’établir aux frontières de la marche léonine. Cette manœuvre hardie, mais réussie, déclenche une réaction quasi-immédiate (!) des peuples s’estimant menacés, qui s’organisent pour tuer dans l’œuf cette invasion.

Alliance des deux Nations

Le jour de la Saint-Sylvestre, en la treizième année de règne du roi André, deuxième du nom, selon la datation humaine, en l’an 865 de l’ère Duale selon la datation commune, le royaume détorien et les clans elfiques, réunis à Forën, la capitale du domaine Zebhyriel, s’engagent ensemble à combattre les Pirkes passés de l’autre côté des monts argentins. Cette grande alliance de circonstance, qui met fin à plusieurs décennies de crispation à la suite de la conquête du Valamarne, devait également inclure les Nains. Toutefois, la délégation dépêchée par le bastion de Trassen refusa catégoriquement de dégarnir ses forteresses pour participer à une campagne militaire à la surface, prétextant une nouvelle menace d’invasion pirke, en provenance cette fois de la plaine innommable.

Dans l’immédiat, les « nations » (au sens de groupes dont les membres sont liés par des racines communes, non par une conscience étatique de soi) alliées ne font pas grand cas de cette défection. Pour la forme les Nains écopent d’un blâme oral, sans que les Elfes, trop content·e·s de pouvoir leur ravir la vedette auprès des Humains, ne s’inquiètent des conséquences de cette absence. Les deux partis se quittent donc avec la promesse d’assembler leurs armées avant l’été. Sur·e·s de pouvoir l’emporter rapidement, les Elfes ne prévoient que le strict nécessaire en matière de vivres et de provisions, mais l’ost royal se montre plus lent à assembler, d’autant que certains aristocrates, dont le puissant comte du Valamarne, qui fut exclu des négociations pour éviter de heurter les susceptibilités, manquent à l’appel.

Bataille de la Trouée ignée

L’été 866 passe sans que la jonction entre les Elfes, arrivé·e·s les premier·ère·s aux marges de l’amas Igrudi, et les Humains, dont les problèmes logistiques s’accumulent depuis le départ de Cylinve, ne s’opère. Commençant à manquer de ravitaillement, harcelée par des Pirkes beaucoup plus combatifs que prévu, l’avant-garde elfique ne parvient pas à franchir la trouée dite ignée, en raison des couleurs flamboyantes arborées à l’automne par sa végétation. Ne pouvant bientôt plus tenir la position et encore moins supporter plus longtemps la vue de frères et de sœurs sacrifiées dans des escarmouches ineptes, le clan Zebhyriel, fournissant la majorité des contingents déjà au contact de l’ennemi, sonne la retraite… et le glas de l’alliance proclamée moins d’un an auparavant.

Si, malgré tout, les Elfes se replient en bon ordre, force est de constater que les héritier·ère·s des Premiers Nés péchèrent, dans cette guerre, par excès d’orgueil, encore que l’on puisse objecter que la faute incombe aux renforts, en retard. D’ailleurs, ceux-ci finissent bel et bien par arriver sur le champ de bataille, qu’ils trouvent encore jonché de cadavres… pirkes. Baissant alors sa garde, le roi André interprète mal les informations à sa disposition ; il sait que les Elfes ne sont plus là, mais il les pense parti·e·s de l’avant. En engageant armée et bagages dans la Trouée – à leur suite, croit-il –, contre l’avis de son entourage, le souverain commet la pire erreur de commandement de sa vie. Tombant alors dans une embuscade pirke, il est suivi dans la mort par la quasi-totalité de l’ost royal.

Querelle des Valcimiers

L’hécatombe provoquée par la bévue de feu le roi André, deuxième du nom, précipite sa dynastie, la lignée des Valcimiers, dans une grave crise de succession. Certes, conformément à la primogéniture en usage dans le royaume détorien, la couronne doit échoir à sa fille unique, aujourd’hui âgée de seize ans. Seulement, son père s’est remarié avec la sœur du seigneur de la Marche. Or, non seulement ledit aristocrate figure parmi les rares rescapés de la bataille de la Trouée ignée, mais la reine, enceinte, peut encore donner naissance à un héritier mâle. Enfin, le comte du Valamarne, en sa qualité de neveu du roi, apparaît comme un autre prétendant sérieux, pourvu qu’il parvienne à faire valoir que les femmes ne peuvent revendiquer l’héritage royal.

Au-delà de l’imbroglio familial, les forces en présence restent, malgré la défaite, suffisamment importantes pour que la dispute dégénère à coup sûr en conflit armé. Le comte, écarté de l’alliance avec les Elfes, aura, en effet, beau jeu en fustigeant la volte-face au combat. Le seigneur de la Marche, quant à lui, pourra insister sur sa fidélité au défunt roi, arguant qu’il ramena lui-même son corps à Margépic, où la reine se trouve toujours. Aussi l’héritière « légitime » ne peut-elle se satisfaire du seul contrôle de la capitale ; élevée en bonne amitié avec le clan Norrowel, favorable au commerce avec des Nains dont on ne manquera pas de critiquer l’immobilisme, même si ce ne sont pas ceux des monts argentins, et ayant perdu son fiancé dans la bataille, sa marge de manœuvre est ténue si elle ne veut pas finir moniale.
* * *
Tous ces événements concourent à attiser les conflits entre les grands acteurs de Tempérys à un moment pour le moins (in)opportun – selon le camp dans lequel on se place. En effet, non pas un, mais quatre amas pirkes se massent aux confins de la Vallée ; cette fois, contrairement à la précédente migration, la menace concorde avec une désunion qu’elle a, fût-ce incidemment, provoquée elle-même.
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